Château Depaz Distillerie Depaz Saint-Pierre Martinique
©Château Depaz Distillerie Depaz Saint-Pierre Martinique|MDES
Spiritourisme à la Distillerie Depaz Découverte du Château Depaz

Visite de la Distillerie et du Château Depaz

Je vous entraîne aujourd’hui à Saint-Pierre dans le nord de la Martinique, sur les flancs de la Montagne Pelée pour visiter un domaine pas comme les autres : la distillerie Depaz. Dans un fabuleux décor entre le volcan et la mer des Caraïbes, sont fabriqués depuis plus d’un siècle les rhums Depaz, certifiés AOC Rhum agricole de Martinique, très réputés auprès des amateurs…

Accueil et visite libre

L’accueil se fait à la boutique. La visite de la distillerie Depaz est libre et gratuite (seule l’entrée du Château Depaz est payante), c’est agréable de se balader dans tout le domaine à son rythme et dans le sens qu’on préfère. Attention, on est ici sur un vrai site de production donc certaines parties de l’usine ne sont pas directement accessibles à toutes les périodes de l’année. Mais la visite est très bien balisée, avec une signalétique rouge, des points d’intérêt numérotés et surtout de nombreux audioguides accessibles via un réseau de wifi interne, directement sur votre téléphone ! C’est super bien pensé et très pratique pour ceux qui aiment prendre le temps…

Il faut dire que le site est assez exceptionnel, la longue allée bordée de palmiers, avec en ligne de mire la majestueuse  Montagne Pelée, les plantations de cannes à sucre à perte de vue et pour finir le regard qui plonge dans la mer.

   Du vert, du bleu, de l’histoire et du patrimoine : j’adore !

Un peu d'histoire

L’histoire du site est intimement mêlée à celle du volcan. Berceau de la marque Depaz, l’habitation La Montagne est à l’origine un domaine agricole fondé en 1651 par Jacques Duparquet, premier gouverneur de la Martinique. Exploitées pour la culture du tabac, de l’indigo et pour l’élevage, les terres sont rapidement converties à la culture de la canne à sucre. La famille Pécoul rachète le domaine et construit le château Perrinelle juste à côté de l’usine. La famille Depaz travaille alors sur l’habitation qui reste prospère jusqu’en 1902. Le 8 mai 1902 toute la ville de Saint-Pierre est détruite par l’éruption de la Mount Pelée, l’habitation est réduite en cendres.

En 1917, le jeune Victor Depaz, dont toute la famille a péri, rachète aux héritiers Pécoul 521 hectares de terres en friche et construit une nouvelle usine dont le rhum sera reconnu dès 1922. À cette date il fait également reconstruire à l’identique l’habitation Perrinelle où il avait passé son enfance. Il s’y installe avec son épouse et leurs 11 enfants. La maison prend le nom de « Château Depaz ». Tout au long de sa vie, Victor Depaz n’aura de cesse de développer les rhums qui portent son nom.

La visite fléchée commence sur le côté de la distillerie, empruntant le chemin du grand parc de 5 hectares vers le château, puis fait le tour de l’usine de production avant de nous conduire aux chais de vieillissement et à la boutique.

Le parc et la présence de l'eau

Dans cet écrin de verdure aux arbres centenaires, la présence de l’eau est sans cesse rappelée à l’instar de la cascade qui débute la balade. Au-delà de son aspect décoratif, elle vient rappeler que l’eau de la rivière Roxelane coule depuis les flancs du volcan et venait alimenter toute la distillerie par un petit canal en provenance du barrage que fit édifier Victor Depaz en 1920. L’habitation Depaz est l’une des rares à avoir conservé tout son système hydraulique et à continuer à utiliser une machine à vapeur depuis plus de 100 ans !

Un arrêt photo pour capturer le panorama époustouflant et nous pouvons admirer la célèbre roue à augets (ou à aubes). Elle fonctionne encore, même si elle n’est plus utilisée pour broyer la canne comme autrefois.

Un terroir volcanique

La distillerie Depaz possède 450 hectares de plantations de cannes à sucre sur les flancs de la Montagne Pelée, côté caraïbe à Saint Pierre et côté atlantique à Basse Pointe. Le rhum Depaz possède donc la typicité et l’identité forte d’un terroir volcanique. Si les variétés de canne diffèrent d’une plantation à une autre, on retrouve pratiquement 2/3 de la canne dite « bleue » en Martinique.

L’autre particularité des rhums Depaz est la durée de fermentation de 48h, là où la plupart des distilleries ont fait le choix d’une fermentation plus rapide, en général 24h. C’est un choix de la marque et cela renforce la puissance de ses arômes.

La distillerie et les chais

Si vous avez la chance de visiter comme moi la distillerie en période de production (mars à juin), vous pourrez assister à toutes les étapes de la fabrication, au travail incessant des équipes (leur journée commence dès 6h et ne s’arrête qu’à 18h !). Le déchargement des cannes, la pesée, le broyage, la fermentation, la distillation : tant d’opérations maintes fois répétées au fil des ans et qui restent ici assez fidèles aux techniques ancestrales.

En dehors de cette période, les machines sont démontées et nettoyées, mais grâce aux photos et aux audioguides, le visiteur peut quand même comprendre le processus et découvrir toute l’histoire du site au cours de la balade.

Les colonnes à distiller

 

Le chemin nous amène ensuite au cœur de la distillerie, dans l’usine de production, au milieu des machines. Le clou du spectacle : les trois grandes colonnes de distillation, qu’on appelle aussi colonnes créoles, étape essentielle de la naissance du rhum. Deux des colonnes fabriquent les rhums Depaz, tandis que la troisième est celle de Dillon, dont les rhums sont distillés ici.

Les chais

 

On ressort de l’autre côté pour arriver aux chais, là où tout le savoir-faire du vieillissement va s’accomplir avec les secrets de fabrication des maîtres et des opérateurs de chai. Derrière les grandes vitres sont alignés les immenses tonneaux de 10 000 L qu’on appelle les foudres, et les petits tonneaux de 350L, en chêne français et en chêne américain. J’apprends que lorsqu’un fût est neuf, on ne doit pas laisser le rhum trop longtemps (un an maximum)  car le bois va libérer beaucoup plus de tanin et donner un goût trop marqué au rhum. On le transfère donc ensuite dans des fûts plus anciens où il pourra vieillir plus longtemps.

Auparavant on pouvait entrer dans les chais mais depuis un incendie en 1998, des vitres ont été posées pour la sécurité du public. Rassurez-vous, on voit très bien et on peut prendre plein de photos de ce passage incontournable !

   La cloche

 

C’est là aussi qu’est installée la cloche, refaite en 2002 à l’occasion du centenaire de l’éruption de la Montagne Pelée, identique à celle qui ornait la distillerie avant sa destruction. Les restes de l’ancienne cloche qui a fondu se trouvent dans le petit musée que je visiterai ensuite. Le plus surprenant avec cette cloche (la nouvelle donc) c’est qu’elle sonne VRAIMENT, toutes les heures de 6h à 18h, rythmant la vie de l’usine ! Quand on n’est pas prévenu, ça peut surprendre et même vous faire sursauter.

Le Musée Vapeur

Adossé à l’un des chais de vieillissement et entouré d’anciennes machines (éléments de colonnes à distiller, plateaux de distillation, une ancienne machine à vapeur…) se trouve un petit musée qui m’interpelle. Ne vous fiez pas à sa taille, il n’est certes pas très grand mais très riche en objets du passé et restitue la vie sur l’habitation avant l’éruption.

Là aussi grâce à l’audio guide, on a toutes les explications et les anecdotes historiques qui redonnent vie aux objets exposés C’est ici que se trouve l’ancienne cloche dont je vous parlais plus haut.

La case à Louisette et le caoutchouc

 

Le chemin de la visite se poursuit derrière un gigantesque et impressionnant caoutchouc planté en 1960, où plusieurs cases ont été rénovées : la case à eau et son système ancestral de stockage de l’eau dans des jarres reliées les unes aux autres et à la turbine à eau. Dans la case à Louisette, on vous propose des jus de fruits frais et des gâteaux faits maison.

Le Château Depaz - « Habitation La Montagne »

Visite à part entière ou étape dans la grande visite, à vous de choisir ! Moi je l’ai gardée pour la fin, avant de redescendre à la boutique et d’aller déjeuner au restaurant Moulin à Cannes. C’est là que vécut la famille Depaz jusqu’au milieu des années 1980. L’imposante bâtisses à deux ailes domine toute la plantation, le parc et l’usine. De part et d’autre, des bassins sont ornés de jets d’eau. La vue sur les champs de canne et la rade de Saint-Pierre y est superbe.

Seul le rez-de-chaussée est ouvert à la visite (payante avec l’accès à la dégustation inclus). L’hôtesse à l’accueil me remet un audio guide car la visite est libre à travers les différentes pièces : hall, vestibule, grande salle, fumoir, salle de jeux, bureau de Victor Depaz… J’avoue que j’ai un faible pour cette pièce, son mobilier en acajou, sa vieille machine à écrire et sa vue sur le parc et la mer des Caraïbes. La visite restitue bien la vie au début du 20ème siècle, avec mobilier et objets de l’époque ayant appartenu à la famille. Les jardins à l’arrière se développent sur deux niveaux reliés par un escalier à double révolution avec au milieu la fontaine alimentée par l’eau de la Montagne Pelée… La vue est juste à couper le souffle !

Les rhums Depaz

Boutique

La dégustation et la boutique viennent conclure une visite riche en découvertes et en émerveillement. Vous trouverez ici tous les rhums blancs, les rhums vieux, les cuvées spéciales et éditions limitées des Rhums Depaz. La dégustation vaut le détour… Je découvre le rhum blanc « Cuvée de la Montagne », très floral et parfumé. J’achète une bouteille de la Cuvée Papao Millésime 2019, cela fera un joli cadeau à offrir. J’aime beaucoup les nouvelles bouteilles, les nouvelles étiquettes, très qualitatives. Côté rhum vieux, je déguste le Depaz Grande Réserve XO, vraiment excellent.

A la sortie, je m’arrête devant les immenses cuves en inox siglées Depaz. C’est ici qu’est stocké le rhum blanc avant d’être mis en bouteille…

   Une belle visite, une balade à mon rythme, un vrai site de production, la préservation d’un patrimoine unique : c’était une super matinée…

Démarche éco-responsable des Rhums Depaz

  • Les plantations Depaz de canne à sucre de Saint-Pierre ont reçu le label HVE (Haute Valeur Environnementale)
  • L’eau est réutilisée au maximum grâce à un système de traitement des eaux
  • L’usine récupère et recycle énormément d’énergie via sa nouvelle chaudière (2007)
  • La distillerie est quasiment auto-suffisante : la bagasse produit de l’énergie sous forme de vapeur et fait tourner les moulins par sa force motrice.

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