Plantation de Canne à Fleur de Canne Martinique
©Plantation de Canne à Fleur de Canne Martinique|Shutterstock
La Martinique, Capitale Mondiale du Rhum agricoleNaissance du rhum

Martinique Terre de Rhum

Bien plus qu’un simple alcool, le rhum a une véritable dimension culturelle aux Antilles notamment en Martinique.

Il est présent sur les tables certes, mais aussi dans la médecine traditionnelle, dans les croyances populaires, dans la littérature et la poésie, dans la musique… Il accompagne aujourd’hui tous les événements festifs de la vie des Martiniquais…

« Yo pa ka dômi adan an kay san ronm »  (On ne dort pas dans une maison sans rhum), proverbe créole.

Histoire du Rhum en Martinique

Les origines : canne à sucre et premiers alcools

Lors de son quatrième voyage dans les Caraïbes, Christophe Colomb introduisit la canne à sucre, une graminée originaire d’Asie.

A partir de 1640, sa culture s’est implantée durablement en Martinique, remplaçant progressivement celle du tabac et de l’indigo et devenant un pilier de l’économie coloniale. Le sucre extrait de la canne était alors très recherché en Europe, notamment pour ses propriétés de conservation des fruits.

La mélasse, résidu de la fabrication du sucre, fut d’abord utilisée par les corsaires pour produire un alcool rudimentaire appelé taffia ou guildive, avant de prendre le nom de rum dérivé du mot anglais rumbullion (désordre, tumulte).

Le rhum, sous-produit du sucre devenu tradition

Initialement, le rhum est un simple sous-produit issu de la fermentation puis de la distillation de la mélasse.

Dans les Caraïbes françaises, de nombreuses petites habitations autonomes voient le jour, organisées autour de la production de sucre et de rhum. Ces domaines comprennent généralement un moulin, la maison du maître, une chapelle, la rue Case-Nègres et les installations nécessaires à la fabrication du sucre et du rhum industriel.

Au 18e siècle, l’arrivée du père Labat marque un tournant : il introduit l’alambic charentais, perfectionnant ainsi les techniques de distillation et de fermentation.

Ces savoir-faire vont peu à peu se diffuser et s’enrichir dans toutes les îles, donnant naissance à une tradition rhumière propre à chaque territoire.

Révolution industrielle & Naissance du rhum agricole

La vapeur transforme les usages

Vers 1850, la première révolution industrielle, marquée par l’invention de la machine à vapeur et l’utilisation du charbon de bois, constitue une étape décisive dans l’histoire du rhum.

Les planteurs découvrent que la bagasse — résidu fibreux de la canne à sucre — constitue un excellent combustible, capable de remplacer le charbon.

Peu à peu, les petites habitations sucrières sont remplacées par de grandes usines centrales, plus productives.

Un réseau de voies ferrées est mis en place autour de ces centres pour acheminer la canne à sucre depuis les plantations environnantes.

Mais certaines habitations, plus éloignées et enclavées, ne peuvent se raccorder à ces infrastructures. Pour valoriser leur production, elles choisissent de faire fermenter puis de distiller directement le jus de canne fraîchement pressé, aussi appelé « vesou ». Elles produisent ainsi un rhum pur jus de canne surnommé « rhum z’habitants » ou « rhum maison ».

   C’est ainsi que naît le rhum agricole, devenu aujourd’hui emblématique de la Martinique.

L’âge d’or du rhum martiniquais

Vers 1870, la crise du sucre, provoquée par l’essor du sucre de betterave en Europe, contraint de nombreuses usines à fermer leurs portes. Ironie du sort : ces structures sont alors reprises par de petits producteurs qui les transforment en distilleries de rhum agricole.

Au début du 20e siècle, Saint-Pierre devient la capitale mondiale du rhum, faisant de la Martinique le premier producteur mondial… L’éruption de la Montagne Pelée, le 8 mai 1902, dévaste la ville et emporte avec elle plusieurs distilleries. Après l’armistice de 1945, la filière subit un nouveau revers mais le rhum agricole poursuit son ancrage dans la culture locale.

Le rhum agricole martiniquais,

seul rhum AOC au monde

Une démarche collective pour défendre l’excellence

En 1970, des producteurs visionnaires – dont Philippe Laschnay-Heude (Trois Rivières), Jean-Pierre Bourdillon (BBS), Jean Bally, André Depaz ou encore Jean Neisson et Jean-Claude Benoit (Rhums Saint-James) – initient la démarche de reconnaissance d’une AOC pour le rhum agricole martiniquais.

Le 5 novembre 1996, le décret est promulgué : la Martinique devient la première région ultramarine, et la seule au monde, à obtenir une Appellation d’Origine Contrôlée pour son rhum agricole.
C’est aussi la première AOC pour un alcool blanc, un produit tropical et un spiritueux de canne.

Un cahier des charges rigoureux

L’AOC impose un terroir, un climat et des méthodes de production strictes. La Martinique cultive environ 30 variétés de canne à sucre, dont 3 principales :

  • Canne Paille (R570)
  • Canne Bleue (B69.566)
  • Canne Rouge (B64.277)

Ces variétés sont sélectionnées pour leur adaptation au sol martiniquais et leur richesse aromatique.

   La passion du rhum se transmet de génération en génération, des champs aux chais de vieillissement.
Aujourd’hui, ce produit du terroir incarne à la fois l’histoire coloniale, la résistance créole et la fierté d’un savoir-faire local.

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