Château Dubuc Tartane Trinité Martinique
©Château Dubuc Tartane Trinité Martinique|MDES
Histoire et patrimoine Découverte des ruines d’une Habitation sucrière du 18ème siècle

Visite du Château Dubuc

Au bout du bout de la presqu’île de la Caravelle à Tartane (Trinité), je vous emmène découvrir les vestiges du Château Dubuc, une ancienne habitation sucrière datant du 18ème siècle.

Le site est protégé et géré par le Parc Naturel Régional de Martinique depuis 2004 et inscrit aux Monuments historiques depuis 1992. La visite du château est payante et elle se fait à l’aide d’un plan et d’audio pen. On peut la combiner avec une des deux randonnées de la réserve naturelle de la presqu’île de la Caravelle (accès libre).

Lorsque vous avez traversé le bourg de Tartane et dépassé le restaurant Le Phare, il faut aller jusqu’au bout du chemin en terre, laisser votre voiture sur le parking et descendre jusqu’à l’entrée du château. Le site de la Caravelle vaut autant pour sa valeur patrimoniale que pour les points de vue sublimes sur la baie du Trésor !

Au bout de

la presqu'île de la Caravelle

à Tartane

La visite se fait en autonomie, on est libre de se promener sur le domaine à sa guise et à son rythme.

À la boutique-accueil, on vous remet une carte détaillée des vestiges de l’habitation numérotés. Chaque numéro renvoie à un audio accessible via un stylet. C’est pratique car selon ses centres d’intérêt, on peut choisir quelles explications écouter au cours de la balade.

À noter que celles-ci sont très détaillées et concernent aussi bien la dimension historique que technique ou architecturale.

Pour une visite avec un guide conférencier réservez au 0596 64 56 45

   Origine du Château Dubuc

En 1657, Pierre Dubuc, originaire de Dieppe en Normandie, débarque en Martinique pour échapper aux mousquetaires du roi de France, à la suite d’un duel. En récompense de ses victoires contre les Indiens Caraïbes, il prend possession à partir de 1671 de Trinité et de Tartane et se lance dans la culture de canne à sucre, café et tabac.

La famille Dubuc prospère, et quelques années plus tard, en 1725, c’est Louis Dubuc, le fils de Pierre, qui reprend l’habitation baptisée initialement Habitation Caravelle et qui deviendra le Château Dubuc. La plus ancienne carte mentionnant « Dubuq du Gallion » date de 1770.

Très endommagée par un tremblement de terre et le cyclone de 1727, l’habitation est laissée à l’abandon et tombe en ruines à la fin du 19ème siècle.

La cuisine et le musée

La visite débute par l’ancienne cuisine où une maquette représente ce à quoi ressemblait l’habitation sucrière au 18ème siècle. Elle se poursuit dans le petit musée qui relate l’histoire de la famille Dubuc, une des premières arrivées en Martinique en 1657, présentant l’organisation et le fonctionnement du domaine ainsi que quelques objets d’époque.

Balade à travers les ruines

Place ensuite à la découverte du site, bercé par les alizés et surplombant la mer. Se dressent devant moi les vestiges des murs en pierre de la maison de maître édifiée en 1735.

En contrebas, le moulin à bêtes, l’embarcadère, de part et d’autre la sucrerie, la distillerie, les entrepôts, la caféière… Un peu plus loin, en lisière de la mangrove et de la mer, le four à chaux et l’emplacement des cases à esclaves.

   Et tout autour, une vue panoramique sur toute la presqu’île.

  

Dans le sens de la visite… Prévoir 45 minutes à 1h

La maison de maître

point culminant (1740)

Si on l’a surnommé « château », c’est vraisemblablement pour sa position qui domine toute l’habitation, mais ce n’est pas dû à sa taille et à sa petite surface de 300 m², construite sur deux étages avec des pièces assez petites pour l’époque…

Les murs sont montés en pierre et en moellons. Tout de suite en contrebas, on observe le système d’alimentation en eau du domaine : citerne, fontaine, bassin, case à eau avec deux batteries de jarres. Sur le côté, des chambres fortes ont été plus tard identifiées comme des cachots. Les escaliers qui mènent à l’étage vous font prendre encore plus de hauteur.

Le moulin à bêtes et la sucrerie

On descend ensuite vers les bâtiments dédiés à l’activité industrielle. Le moulin à bêtes d’une envergure d’une quinzaine de mètres, dont la toiture conique reposait sur douze piliers. En contrebas, on arrive aux vestiges de la sucrerie à proprement parler : plusieurs batteries de chaudières à sucre, chaudière à sirop, vinaigrerie, distillerie. Huit au total, ce qui nous informe sur l’importance du domaine. C’est ici que la canne récoltée était transformée en pain de sucre, principale richesse de l’île au 18ème siècle, puis expédiée en métropole.

Les installations en bord de mer

En descendant les quelques marches jusqu’à la mer, on discerne l’embarcadère, les grandes halles de stockage et la purgerie. La suite de la visite nous fait découvrir le plus gros système hydraulique de l’habitation avec ses ravines, son puits (qui n’est pas trop visible car il est masqué par les racines d’un figuier maudit) et son barrage en moellons.

   Sur les 350 hectares du domaine, 100 hectares étaient plantés de canne à sucre, 20 hectares de café, le reste en forêt et savane.

Les entrepôts

Ma visite continue vers les trois immenses entrepôts, révélés lors des fouilles archéologiques de 2012, parfaitement alignés, séparés par deux allées, qui servaient probablement au séchage, à la bonification et au stockage du café.

Le four à chaux

En descendant vers la mer où la vue sur la baie du Trésor dévoile sa mangrove, je m’arrête devant le four à chaux. Il est beaucoup plus grand que ceux qu’on a l’habitude de voir sur l’île. Son ouverture à fleur de pente révèle un large orifice où étaient brûlés les coquillages et les madrépores.

Le hameau des esclaves 

Situé au-dessus du four à chaux, enfoncé dans la forêt du littoral, le hameau des cases d’esclaves dont il ne reste pas de traces visibles car le Château Dubuc ne possédait pas de rue de cases nègres mais comptait quand même 373 esclaves en 1772.

La cafèterie

En remontant vers l’entrée et la maison principale, je découvre le moulin à café, la caféière et un bâtiment lié à la vie sur l’habitation : l’hôpital.

   Les mythes et légendes qui entourent le Château Dubuc

Les historiens s’accordent à dire que le Château Dubuc avait sans doute des activités illicites, en plus de la sucrerie, comme le montrent les bâtiments, hangars et zones de stockage surdimensionnés pour une sucrerie de cette taille. On évoque la piraterie, la contrebande, le trafic de marchandises et d’esclaves

   Je suis enchantée par cette visite qui m’a encore beaucoup appris sur l’histoire de la Martinique, avec ses moments de joie et ses blessures.

L’endroit est magnifique, offrant une vue spectaculaire, tout en nous remémorant un passé cruel et douloureux.

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