Je suis reçue par Maureen, qui me propose de commencer la visite en allant découvrir le travail agricole des ouvriers de l’habitation. Nous allons donc suivre les différentes étapes, de la coupe au broyage de la canne à sucre, préludes à la distillation. Maureen en profite pour m’expliquer les techniques utilisées, tout en me racontant la renaissance des rhums H.B.S.



« Nous utilisons uniquement 3 hectares de canne à sucre sur les 60 plantés du domaine (les 57 autres sont récoltés par J.M). Chez H.B.S, la canne à sucre est coupée à la main et nous changeons régulièrement de parcelle. Avec seulement deux points de coupure, la récolte manuelle donne une canne propre et gorgée de sucre et des tonalités différentes à nos rhums. »
Dans le champ, Christopher coupe la canne à sucre tandis que ses collègues Patrice et Pascal la ramassent et la chargent sur le chariot. Pour alimenter la distillerie au quotidien, deux chariots sont nécessaires (environ 1,2 tonnes de cannes à sucre). Les cannes sont acheminées vers la distillerie en tracteur. Elles seront ensuite pressées et broyées dans un moulin de type brésilien afin d’extraire un maximum de jus : le vesou.
« Nous effectuons deux rotations par jour et nous distillons 4 fois par semaine toute l’année : lundi, mardi, jeudi et vendredi. »


Visite et Dégustation
La visite des installations actuelles et des bâtiments de l’ancienne distillerie est libre, on se promène et on se repère grâce au plan et aux panneaux explicatifs qui retracent l’histoire de l’habitation et le processus de fabrication du rhum.
C’est une petite distillerie donc on se sent vraiment dans le « feu de l’action » et l’on ressent bien le poids de l’histoire.
Une salle de musée regroupe quelques objets du passé comme une roue à aubes.


Infos pratiques :
- Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 13h
- L’après-midi sur réservation
- Visite libre et gratuite
- Dégustation gratuite
Les rhums HBS, une gamme à découvrir
Après toutes ces explications et cette immersion sur le site de production, place à la dégustation ! Maureen me fait découvrir la gamme des rhums HBS.

Les Rhums Blancs
La marque compte aujourd’hui 5 cuvées de rhum blanc :
- Cuvée du Bout du Monde
- Cuvée du Voyageur
- Cuvée Dame Jeanne
- Brut d’alambic
- Cuvée Rouge Vanille


« Quand la puissance rencontre la douceur… »
Cette nouvelle cuvée est née d’une rencontre rare entre la canne rouge, puissante et aromatique et la canne vanille, douce et délicatement parfumée. Deux variétés aux caractères opposés, unies pour créer un rhum blanc agricole d’une finesse exceptionnelle.
Un équilibre parfait entre intensité et douceur. La canne rouge forge un rhum structuré, riche et intense. La canne vanille sublime l’ensemble d’un voile floral et légèrement sucré.
Le résultat : un mariage inédit né du savoir-faire de la distillerie HBS qui donne un rhum blanc agricole au caractère unique.
Les Rhums Vieux
Le Flamboyant, VO :
le 1er rhum vieux agricole H.B.S
Mis en vieillissement en 2020 avec une cuvée de 800 bouteilles en édition limitée toutes numérotées.




Esquisse Martiniquaise, inspiré par l’ouvrage de Lafcadio Hearn, a su capturer l’essence et les parfums de la Martinique. Cette première cuvée VSOP incarne la tradition du rhum agricole.
Distillé dans un alambic traditionnel et vieilli pendant quatre ans dans des fûts de chêne ayant contenu du cognac, ce rhum révèle une profondeur et un caractère unique.
Édition limitée 1200 bouteilles pour cette cuvée.
L’Histoire de l’Habitation Beauséjour depuis le XVIIe siècle
La naissance de l’Habitation Beauséjour remonte à 1671, différents propriétaires l’ont occupée depuis.
Selon les archives, la sucrerie « Beau-Séjour » devient une distillerie sous l’impulsion des frères Aries vers 1883. Quelques années plus tard en 1898, le célèbre Sénateur Amédée Knight achète la distillerie, la développe et crée la marque H.B.S (Habitation Beauséjour). Rachetée par Louis de Lucy de Fossarieu en 1928, le rhum est médaillé d’or à l’Exposition Coloniale de Paris en 1932 et considéré comme un des meilleurs rhums de la première moitié du 20e siècle.
En 1958, la chute du cours du sucre et du rhum entraine le remplacement de la canne à sucre par la banane. La distillerie disparaît. L’habitation Beauséjour est encore habitée par la famille de Lucy de Fossarieu.



En 2007, le blocage d’un projet d’irrigation nécessaire à la survie de la banane et des cultures maraîchères donne un coup d’arrêt à l’exploitation des bâtiments agricoles. L’habitation doit s’adapter et repasse à la culture de la canne à sucre.
D’anciennes constructions existent encore, comme l’aqueduc d’une longueur de 4 kilomètres, véritable prouesse technique pour son époque. Et c’est en 2019 que Jean-Louis et son fils Arthur de Lucy décident de renouer avec leur héritage et de rouvrir la distillerie.
La suite de l’histoire s’écrit dans les jolies bouteilles que j’ai achetées à la boutique…
Je remercie Maureen qui m’a accompagnée tout au long de ma visite, je profite une dernière fois de la vue avant de reprendre la route qui s’enfonce dans la forêt tropicale, jusqu’au village de Grand’Rivière.
Un moment hors du temps !

L’habitation principale est une résidence privée, elle est ouverte au public lors des Journées du Patrimoine pour découvrir le domaine et ses jardins.